L’artiste avait pour habitude de photographier le quotidien de son époque en noir et blanc, armée d’un Rolleiflex. L’exposition Vivian Maier : The Colorwork au FoLa témoigne, comme son nom l’indique, du passage à la couleur et en 35 mm de cette singulière photographe de rue qui a vécu toute sa vie dans l’anonymat. Buenos Aires Connect vous explique pourquoi s’y intéresser vaut le détour.
Femme mystérieuse
C’est en plein milieu des outlets de Distrito Arcos que se cache ce petit trésor : l’introduction au regard de Vivian Maier qu’accueille la photothèque jusqu’au mois de septembre 2021. Née à New York en 1926 d’une mère française et d’un père autrichien, celle qui a travaillé toute sa vie comme nounou auprès de plusieurs familles à Chicago consacrait ses moments de liberté à la photographie amateure et deviendra, après sa mort en 2009, l’une des chefs de file de la street photography du XXe siècle. Faute de moyen, elle n’a quasiment jamais développé ses clichés de son vivant. Ses négatifs seront découverts par hasard en 2007 lors d’une vente aux enchères par le collectionneur John Maloof et son succès ne sera que posthume. L’exacte biographie de Maier reste plus ou moins imprécise mais son héritage artistique est aujourd’hui mondialement reconnu.
Discours moderne et politique
À partir d’une pellicule Kodak Ektachrome, la super nanny capture discrètement les chapeaux des dames de la haute sphère, les rencontres hasardeuses entre les passants, vitrines, chaussures, badauds et détails urbains qui font la beauté du quotidien du Chicago des années 1960 et 70. L’on peut voir dans le travail de Maier certaines similitudes avec les peintures de Edward Hopper, notamment dans la représentation visuelle de l’american way of life. Ou encore y lire quelque chose du photographe Martin Parr dans cette façon naïve d’observer les détails absurdes du monde moderne pour mieux laisser les spectateurs en être les juges. Il y a des femmes, aussi. Certaines ne portent pas de chapeaux farfelus mais tirent la gueule adossées contre l’arrêt de bus : ce sont les afro-américaines de Chicago. D’eux d’entre elles croisent l’objectif de Maier du regard, un drapeau des États-Unis flottant, en second plan, devant un bâtiment du quartier des affaires. Accident de la photographie ou geste militant ? Vivian fait la mise au point sur les directeurs de bureaux en costard gris et laisse les femmes noires hors focus, comme pour illustrer les travers d’une Amérique blanche patriarcale. “Le personnel est politique”, dit-on.
L’exposition se termine sur une série d’autoportraits derrière lesquels Vivian Maier semble presque se cacher, pudique. Avant de quitter les lieux, faîtes un tour dans la salle des portraits de la photographe argentine Romina Ressia. Puis, dirigez-vous vers le stand de French Cookie des Arcos pour goûter d’excellentes pâtisseries françaises et bavarder autour de cette enrichissante sortie culturelle.
Vivian Maier: The Colorwork – FoLa
Jusqu’au 12 septembre 2021
Godoy Cruz 2626 – Palermo (ouvrir dans Google Maps)
Tel : 11 5789-2773
Du jeudi au mardi de 12h à 19h
Prix : $
RÉSERVER: fola.com.ar/reserva-de-turnos