La littérature argentine est riche et variée. Si vous vous sentez perdu à chaque fois que vous entrez dans une librairie car vous ne savez que choisir, voilà une liste avec un peu de tout : écrivains spécialisés dans l’horreur, le réalisme, les sujets tabous, la réécriture de fables japonaises et, même, les grands récits nationaux… On ne les a pas choisis selon leur mérite ou la quantité de livres publiés, mais pour leur originalité quant aux sujets et styles d’écritures -, et pour leur travail sur le langage. De plus, ils sont nombreux à avoir tracé des chemins qui, aujourd’hui, marquent les tendances du roman contemporain.
Ariana Harwicz
Sa carrière d’auteure a décollé avec « Matate, amor », un roman à la première personne où la tendresse, la haine et la violence sont impossibles à séparer. La traduction anglaise a été nommée au prix Man Booker International. Son dernier roman ? « Degenerado » aux éditions Anagrama.
Roque Larraquy
Il a publié « La comemadre » et « Informe sobre ectoplasma animal ». C’est un écrivain ironique, au sens de l’humour acide, très éloigné du politiquement correct. Il a été finaliste du National Book Awards, un prestigieux prix américain. Il s’intéresse aux situations extrêmes, aux sujets bizarres : dans « La comemadre », un groupe de médecins d’un hôpital de Buenos Aires se rassemble pour expérimenter avec leurs propres patients s’il y a une vie après la mort.
Fernanda García Lao
Elle a publié des romans, nouvelles, pièces de théâtre et recueils de poésie. Parmi ses romans les plus populaires, citons « Nación Vacuna », un texte qui se demande, avec une touche satirique, ce qu’il se serait passé si l’Argentine avait gagné la Guerre des Malouines. Lao est parfois surréaliste, comique et critique. Elle s’engage à fond dans ses personnages et sait toujours, à travers ses mots, quel levier actionner. Elle a publié douze livres et son roman « Muerta de hambre » a remporté le Premier Prix du Fond National des Arts.
César Aira
Il ne pouvait pas manquer à la liste. Il a publié plus de cent livres, n’a pas de réseaux sociaux, travaille avec les maisons d’édition les plus célèbres comme les plus indépendantes. Sa folle écriture coupe bruyamment les ponts avec le réalisme : la trame du récit est reléguée au second plan. Il a reçu deux Diplômes du Mérite des Prix Konex, une bourse Guggenheim et le prix de la Trajectoire Artistique du Fond National des Arts, entre autres récompenses. Il réécrit également les mythes fondateurs comme dans « Ema, la cautiva ». Indispensable.
Mariana Enríquez
L’auteure de référence de la littérature contemporaine qui fait peur. Elle se nourrit de sujets actuels, comme les féminicides, la marginalité ou les légendes urbaines, tout cela avec une Buenos Aires sordide en toile de fond. Son dernier livre, « Nuestra parte de la noche », a remporté le prix Herralde Novela. Bon nombre de ses nouvelles sont sorties dans des revues internationales. Avec Enríquez, un univers sinistre vous attend au coin de la rue.
Martín Sancia Kawamichi
Il écrit des livres pour enfants et, plus récemment, des histoires sur un univers japonais qui se caractérise par l’érotisme, la violence, le désir et la mort (dans « Shunga »). Il a terminé à la seconde et première place du Prix Sigmar de Littérature Enfance et Jeunesse. Un écrivain qui se distingue par l’originalité de ses créations, et sa voix onirique et poétique.
Gabriela Cabezón Cámara
Elle assume le point de vue de femmes réduites au silence, torturées et reléguées – en littérature comme dans la vie. Elle parle de la marginalité et de la torture avec une excellente qualité littéraire. « Las aventuras de la China Iron » a été sélectionné parmi les meilleurs livres de l’année par The New York Times et El País.
Sergio Bizzio
Il fait de tout : littérature, ciné, théâtre et musique. Il s’est fait connaître avec son roman, « Rabia », où il aborde avec réalisme les différences de classe, de pouvoir et l’amour. Il a publié environ trente livres (poésie, nouvelles, romans, théâtre). En Espagne, « Rabia » a remporté le Prix International du Roman de la Diversité.
María Gainza
Elle a publié deux romans : « El nervio óptico », traduit dans plus de dix langues, et « La luz negra ». Elle a gagné le Prix Konex 2017 de Communication et Journalisme et le Prix de Littérature Sor Juana Inés de la Cruz en 2019. Elle combine la littérature et l’art visuel, l’histoire et sa propre vie. Sa façon de raconter est délicate, honnête, belle. Et surtout sensible.
Hernan Ronsino
C’est un expert dans la création de voix uniques et dissemblables. Auteur de trois romans qui composent la « trilogía pampeana », située à Chivilcoy, il mélange la mémoire collective et la mémoire individuelle. La violence présente dans ses textes se déploie par couches, peu à peu, jusqu’à l’explosion finale. Il a été récompensé lors de la Foire du Livre de Guadalajara et il a été finaliste du prix allemand Hot List du meilleur roman étranger.
* Traduction Nicolas Zeisler