Cette ville haute en couleurs est vraiment insolite : elle nous gâte et nous surprend continûment. Cela dit, il est toujours bon de se rappeler ces petits détails qui la font si…-disons pittoresque. Voilà donc une liste d’occupations que l’on ne croise pas forcément dans d’autres villes que cette capitale. Et qui n’obéissent pas précisément aux « horaires de bureau ».
Aiguiseur de couteaux
Sans doute l’activité la plus étrange. Je n’ai jamais vu d’aiguiseur de couteaux dans un autre pays. Si c’est votre cas, je vous en prie, dites-moi tout.
Cela a dû vous arriver : vous étiez tranquille chez vous ou au bureau quand soudain vous avez entendu un sifflement étrange, mélodique, toujours le même rythme. Vous n’y avez sans doute pas prêté attention, ou peut-être que si, mais vous étiez loin de vous douter de quoi il en retournait. Eh bien, il s’agit d’un « aiguiseur de couteaux » ambulant qui parcourt les rues en annonçant son arrivée avec une mélodie caractéristique à l’aide d’une sorte de flûte de pan. A partir de maintenant, si vos couteaux ont besoin d’être aiguisés pour le déjeuner, commencez par affiner vos oreilles !
Promeneur de chiens
Impossible de passer à côté des promeneurs de chiens et de leurs impressionnantes meutes de toutous qu’ils promènent tous les matins dans les rues du quartier. C’est impressionnant comme certains parviennent à piloter en toute tranquillité jusqu’à quinze chiens sur les trottoirs de Buenos Aires. Avec l’air de parfaitement maîtriser la situation. Un spectacle qui a lieu deux fois par jour, le matin et l’après-midi.
Au-delà du côté amusant de la scène, à Buenos Aires on prend ce métier très au sérieux… Il y a des agences, des écoles et même un enregistrement public à faire devant l’Agence de Protection de l’Environnement (APRA en espagnol). On compte près de six mille promeneurs de chiens (un chiffre pas si surprenant quand on sait que presque 80 % des Argentins ont un animal domestique). On parle même d’un syndicat des promeneurs de chiens !
Recycleur urbain
Dans aucune autre ville que Buenos Aires et ses environs, le « cartonnage » ou « cartoneo » en espagnol, n’est aussi courant. Les cartoneros ou « recycleurs urbains » parcourent la ville en collectant des résidus de carton ou de papier dans les boutiques ou les maisons. Ils les transportent dans des charriots précaires avant de les vendre pour qu’ils soient recyclés. On les voit généralement transporter de grandes quantités de carton dans les rues de Buenos Aires, quel que soit le quartier : tranquille comme Villa Urquiza ou touristique comme Palermo. Un boulot qui est rentré dans les mœurs depuis la crise économique de 2001.
Gardien de voitures
Que vous ayez ou non entendu mentionner le terme de « trapito », si vous êtes à Buenos Aires depuis quelques mois, vous avez sans doute remarqué leur présence. Cette expression un peu péjorative fait allusion aux « gardiens de voitures » qui exigent un « pourboire » en échange de la surveillance de votre véhicule dès lors que vous le garez dans la rue. C’est une activité 100 % informelle et qui n’est pas régulée par la loi. De fait, pas mal d’histoires circulent à propos de « trapitos » qui commettent des actes de violence ou de vandalisme si le client refuse de régler la somme réclamée.
Change clandestin
Des « imprésarios » informels installés généralement le long de la rue Florida échangent des devises étrangères (USD, EUR) contre des pesos argentins sans passer par la banque. Un petit retour en arrière s’impose pour bien comprendre ce à quoi nous avons affaire : en 2011, un contrôle des changes a été mis en place en Argentine et une valeur de change fixe a été assignée à la monnaie nationale. D’où la nécessité d’un système de change parallèle où l’on pouvait changer de l’argent au « marché noir » avec jusqu’à 70 % de différence par rapport au taux officiel. N’hésitez pas à lire notre article sur l’argent en Argentine.
Du coup, les touristes ou ceux qui venaient d’arriver avec des dollars ou des euros dans leur portefeuille, avaient tout intérêt à se mettre en quête d’un meilleur taux de change que celui proposé par la banque afin d’obtenir davantage de pesos pour chaque dollar changé. Cela explique l’apparition sur la voie publique des « arbolitos » et de leur refrain « cambio, cambio, cambio » invitant les touristes à changer leur argent dans les bureaux ou locaux – parfois clandestins – prévus à cet effet.
A un moment donné, les « arbolitos » étaient vraiment nombreux. Depuis que le contrôle des changes a été supprimé, leur nombre s’est considérablement réduit. Cela dit, il reste un petit pourcentage de différence entre le change officiel et le parallèle, et vous pouvez donc encore entendre les « arbolitos » proposer leurs services dans le centre de Buenos Aires.
* Traduction Nicolas Zeisler